La Gare de Saint-Sulpice-Laurière 
                l' arrivée du train

Saint-Sulpice-Laurière - la gare

Démographie

La population de la commune de Saint-Sulpice-Laurière suit l'évolution de l'activité du rail :

750 h. en 1847 au début des travaux sur la ligne
768 h. en 1856 à l'ouverture de la ligne
Les travaux de construction de la ligne n'ont pas d'impact sur la population de la commune
ce sont des ouvriers "étrangers" à la région qui fournissent la masse de main-d'oeuvre nécessaire;
La migration traditionnelle saisonnière des Limousins se poursuit,
une forte méfiance est notée vis à vis de ce chantier

. 1864 ouverture embranchement Montluçon
. 1864 ouverture gare Saint-Sulpice-Laurière
1 056 h. en 1866
Très fort impact dès l'ouverture de la gare sur la démographie : + 300 habitants
1 502 h. en 1896
Les besoins en main d'oeuvre sont importants et les cheminots se fixent autour de la gare
un nouveau quartier se développe. La population double en 40 ans (1856-1896)
Les cheminots sont en grande partie originaires des villages et des communes environnantes;
certains garderont une double activité : cheminot et paysan sur un petit lopin de terre

1 840 h. en 1911 à la veille de la guerre
Saint-Sulpice-Laurière maintient une forte activité pendant la guerre, c'est la seule commune
canton dont la démographie ne sera pas marquée par la saignée de la grande guerre
les disparus (51 tués) sont remplacés par de nouveaux cheminots

1 959 h. en 1921 à l'apogée de la vapeur
Saint-Sulpice-Laurière atteint son nombre maximum d'habitants
1 850 h. en 1936 à l'électrification de la ligne
Avec l'arrêt du dépôt fortement lié à la vapeur,
la baisse de l'activité ferroviaire (la concurrence routière passagers et fret),
la modernisation des activités ferroviaires (regroupements sur des grands centres - Limoges),
la population va décroître rapidement pour tomber à un minimum de 881 habitants en 1999
soit une perte de 1000 habitants en 50 ans

Les Conséquences - sur les flux migratoires

Les facilités offertes par le transport ferroviaire vont bouleverser les flux migratoires.

Le temps gagné sur le transport et l'hébergement durant le voyage va permettre l'accession à des lieux
nouveaux comme le Nord de la France ou la Belgique.

L'arrivée du train va jouer un rôle important sur la population du Limousin, le voyage étant plus facile,
beaucoup de migrants partent avec femmes et enfants, la plupart, installés en région parisienne
ou ailleurs et ils ne reviendront plus si ce n'est parfois, à l'heure de la retraite.

Pour la Marche Limousine,
de la migration saisonnière jusqu'au 19ème siècle (avant le train),
nous passons à la migration permanente au début du 20ème siècle après l'arrivée du train.

Les conséquences - le commerce

Jusqu'à la fin du 19ème siècle l'économie agricole en autarcie est la règle
Les marchés de la commune, du canton sont les seuls lieux de transactions et d'échanges.

Au niveau local toutes les productions sont transformées et revendues sur place,
très peu d'échanges sont réalisés hors du canton.

Dans la première moitié du 20ème siècle avec le transport ferroviaire, l'économie agricole de locale devient régionale.

Dans chaque bourg desservi par le train, au moins un négociant développe le commerce de "produits de la terre",
de la gare part vers la "ville" (principalement Paris, Lyon)
. les légumes : comme la pomme de terre chargée en vrac dans un wagon de 15 ou 20 tonnes
en 1927 la Creuse produit 330 000 tonnes de pomme de terre,
à cette période la petite gare de Marsac en expédie plus de 6 000 tonnes par an

. les fruits : les pommes l'Estre
. mais aussi la viande des animaux sur pieds destinés aux grands abattoirs de Paris, de Lyon, ...

à la gare il arrive des régions voisines
des matériaux de construction :
. la tuile et l'ardoise qui remplaceront les toits de chaume de nos campagnes
. la brique qui apparaît dans l'encadrement des fenêtre en remplacement des pierres taillées en granit

pour les produits de consommation
. le vin inconnu avant la guerre de 1914-18 sur les tables de nos campagne où seul le cidre avait sa place
le vin circule sur les voies ferrées en wagons foudre,
la gare Bersac-sur-Rivalier et le bourg se développent à partir du commerce en gros du vin

Saint-Sulpice-Laurière - pays des singes ?

Quand un cheminot de Saint-Sulpice-Laurière arrivait à Limoges ou à Montluçon,
ses collègues ne manquaient jamais de lui dire : Tu viens du pays des singes.

Il paraît que lors du percement du tunnel et de la construction des tranchées de la voie ferrées,
des écureuils étaient souvent aperçus par les ouvriers étrangers dans les arbres avoisinants.
Les gens du pays, amusés par leur curiosité devant ces petits animaux, leur firent croire que c'étaient des singes,
d'où cette expression : "Saint-Sulpice, pays des singes",
qui est resté jusqu'à nos jours dans le langage cheminot.

G.Fourgeaud - dernière mise à jour de la page : 12/12/2015